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Voilà bien une expression que j’ai découverte dans un manuscrit il y a quelque temps, que je n’avais jamais entendue : prendre langue avec quelqu’un.
Non, ça ne concerne pas les relations amoureuses ou la romance, il s’agit de prendre contact avec quelqu’un, d’entamer des pourparlers avec. On pourrait donc dire que les pays d’Europe ont pris langue, dans les années cinquante, pour créer un partenariat devenu l’Union européenne, ou supposer que Poutine et Zelensky ne sont pas disposés à prendre langue tout de suite malgré la tradition de baiser à la russe…
Imaginons que vous écrivez un
livre, un rapport pour votre patron, un mémoire d’études… dans lequel les mêmes
mots reviennent souvent : les noms des personnages, les produits que vous
vendez, le sujet que vous étudiez. Et vous en avez assez d’écrire le prénom de
votre personnage ou autre en entier, parce que « Maximilienne »,
c’est long à écrire, « biomécanique appliquée aux systèmes
automobiles » aussi, en supposant que ça existe.
Les logiciels de traitement de
texte vous offrent la possibilité d’utiliser des abréviations. Je m’en sers
beaucoup pour expliquer mes corrections courantes, mais aussi pour gagner du
temps quand je rédige un synopsis, par exemple. Je vous donne la marche à
suivre pour Word, vous la trouverez certainement en ligne pour les autres
logiciels, maintenant que vous savez qu’elle existe.
Quand vous ouvrez Word, vous
cliquez successivement sur :
·
« Fichier » en haut à gauche
·
« Options » en bas à gauche
·
« Vérification » en troisième ligne à
gauche
·
« Options de correction automatique »
en haut à droite.
Apparaît un tableau dans lequel
vous allez pouvoir entrer à gauche votre abréviation, et à droite le mot,
l’expression, la phrase ou le paragraphe par lequel elle doit être remplacée.
Il ne vous reste plus qu’à remplir vos choix et valider. Vous pouvez tenir une
liste à jour quelque part pour pouvoir supprimer les abréviations dont vous n’aurez
plus besoin au prochain livre-rapport-mémoire.
Une fois de retour dans votre
texte, chaque fois que vous taperez votre abréviation suivie d’un signe de
ponctuation (y compris l’apostrophe) ou d’une espace (oui, c’est féminin en
typographie), Word la remplacera par l’expression requise. Maximilienne peut
devenir « mx », la biomécanique appliquée aux systèmes automobiles
« bs » ou « basa »…
Attention quand même à ne pas
utiliser des mots qui existent ou des lettres qu’on utilise seules en guise d’abréviation.
Si votre biomécanique… devient « bas » en abréviation, vous ne
pourrez pas dire que le taux de progression des ventes est bas sans réaction du
logiciel. Si vous remplacez Albert par « a », chaque vous que vous
écrirez « il a », le logiciel remplacera par « il Albert ».
Ça peut être drôle, mais lassant, à force.
Un peu de temps gagné pour d’autres
activités, qui s’en plaindrait ?
Bonjour,
Je vous ai déjà parlé d’erreurs que le logiciel d’aide à la correction Antidote est incapable de retrouver. Je dirais même que dans ce cas précis, il vous pousse à l’erreur, et il n’est pas le seul, Word vous le souligne aussi. Voici un exemple :
Dimanche, nous sommes allés tous les deux ensemble au bord de l’océan.
Le souci pour les logiciels, c’est qu’ils ne savent pas s’ils ont affaire à « ensemble » le nom commun ou « ensemble » l’adverbe.
· L’adverbe est celui que vous trouvez dans « nous sommes ensemble », qui veut dire « l’un avec l’autre ». Comme tous les adverbes, il est invariable ;
· Le nom commun est celui qui signifie « groupe » : je vends des légumes, j’ai un ensemble de courges de différentes variétés, un ensemble de carottes de diverses couleurs, un ensemble de choux variés… j’ai donc plusieurs groupes/catégories/ensembles de légumes. Ici, je peux donc mettre le pluriel.
Par conséquent, dans mon exemple, à moins de considérer chaque personne comme un tas de cellules ou d’organes, on a bien affaire à l’adverbe invariable, on a déjoué le piège tendu par les logiciels. Ils restent bien utiles, mais gardez en tête qu’ils ne sont pas infaillibles, leur « œil » ne suffit pas.
Cela dit, j’étais bien à l’océan, mais on était quatre, pas deux !
Ça vous dit, un nouveau mot ?
J’ai croisé l’autre jour le verbe « muséifier », qui signifie « transformer quelque chose en musée.
Ne le cherchez pas dans tous les dictionnaires, je ne l’ai retrouvé que chez Larousse et le Wiktionnaire, donc je suis consciente qu’il va prêter à caution. Mais ce sont des sources fiables et reconnues, alors je vous le livre quand même, libre à vous de le garder au de le muséifier dans le dossier des mots que vous n’aimez pas…
Pourquoi utiliser pour quoi ? Et pour quoi utiliser pourquoi ? Ah ! Pourtant, je n’ai pas décidé d’être désagréable, aujourd’hui !
D’accord, je traduis : Pour quelle raison utiliser « pour quoi » ? Et dans quel but utiliser « pourquoi » ?
Lorsqu’il est écrit en un seul mot, « pourquoi » pose la question de la cause, on y répond par « parce que ». Exemple : Pourquoi dois-je faire entretenir ma voiture ? Parce qu’elle commence à faire un bruit anormal et je veux éviter la panne.
Et quand il est en deux mots, « pour quoi » indique plutôt le but, on y répond souvent par « pour + verbe ». On peut le remplacer par « pour quoi faire ». Exemple : Pour quoi as-tu pris des crayons de couleur ? Pour faire un joli dessin pour ma maman.
Certains me diront que la nuance est proche, ils sont parfois interchangeables (pas toujours). Dans ce cas, le choix est vraiment dans l’intention qu’on y met et dans la réponse qu’on veut y donner : cause, ou but. À vos plumes !
J’ai remarqué que l’on confond souvent les termes « apporter » et « amener » d’une part et « emporter » et « emmener » d’autre part.
Deux pièges sont à déjouer avec ces verbes :
· Tout d’abord, dans quel cas utiliser apporter/emporter et amener/emmener ? « Porter » concerne des objets, « mener » s’utilise uniquement pour des personnes : j’emmène mes enfants au musée, et je leur apporte un livre (on ne se refait pas…)
· Autre question : quel préfixe ? A- ? Em- ? Lorsqu’on va de l’extérieur vers l’intérieur, d’ailleurs à chez soi, par exemple, le préfixe est « a- », et « em- » dans l’autre sens : j’emporte une bonne bouteille de ma cave pour l’apporter aux amis chez qui je dîne. J’emmène ma famille au cinéma, et j’amène un ami à la maison pour l’apéro (j’ai cherché les exemples vers 18 heures, c’était donc l’heure…)
Voilà, j’espère avoir été assez claire et que mes explications vous aideront à faire la différence.
Bonjour,
Que diriez-vous de vous promener dans le temps ? Parlons d’un mot désormais rare, « un mot de vieux », diraient certains, mais je dois commencer à vieillir, parce que je l’aime bien. Qui connaît le sens de « baguenauder » ? Qui l’utilise régulièrement ?
Ce mot signifie se promener sans but précis, flâner, nous dit larousse.fr. Vous voyez cette balade qui vous fait du bien, qui vous donne l’impression d’être en vacances durant une heure ? C’est exactement ça. Alors baguenaudons, juste pour le plaisir, arrêtons de courir après le temps.
Ah, me voilà plus détendue, je vais pouvoir attaquer ma journée…
Parlons un peu du temps qui passe. Aujourd’hui, nous sommes mercredi 11 octobre.
Je vous vois déjà vous interroger… Pourquoi Sandrine n’a-t-elle pas mis de majuscule ? N’écrit-on pas « Mercredi 11 Octobre » ?
En anglais, j’aurais écrit « Wednesday 11th October ». Mais comme je m’adresse à vous en français, oublions un peu les anglicismes. Les noms des jours et des mois prennent des majuscules en anglais, probablement dans d’autres langues (n’hésitez pas à me dire lesquelles, je suis toujours prête à m’instruire).
Mais en français, ils s’écrivent toujours en minuscule. Sauf en début de phrase, mais ça, c’est une évidence.
Petit truc bonus pour que tous les éléments de vos dates restent bien groupés sans que les espaces soient trop grands à cause de la justification du texte et sans qu’ils se retrouvent sur deux lignes, surtout : remplacez l’espace habituelle par une espace insécable (oui, espace est féminin en typographie, pour une raison bien mystérieuse) que vous ferez tout simplement en tapant simultanément sur Ctrl + Alt + Espace.
Un autre anglicisme fréquent : je ne suis pas « en charge de » (to be in charge) corriger vos romans, poèmes ou essais, je suis « chargée de » le faire. Et vous m’apprenez toujours quelque chose 😉
Bonne semaine à vous tous !
Cette semaine, chers amis, juste un petit point sur le subjonctif imparfait, qui peut intéresser peut-être plutôt les romanciers.
Lorsqu’on écrit un texte au passé simple et qu’une tournure réclame le subjonctif, la concordance des temps veut qu’on utilise le subjonctif imparfait. Mais comme ce temps est tombé en complète désuétude à l’oral, la grammaire autorise maintenant l’utilisation de sa forme présente même dans une narration au passé. Et il faut être honnête, c’est ce qui nous vient naturellement, c’est donc une bonne nouvelle pour la plupart d’entre nous.
Quelques petits conseils quand même :
· Sur un même texte, je trouve parfois une alternance d’un temps puis de l’autre, souvent en fonction de la personne, d’ailleurs. L’idéal est quand même d’essayer d’obtenir une harmonie stylistique, alors à moins que ce soit volontaire, je suggère toujours de faire un choix au départ, et de s’y tenir jusqu’au mot « FIN ». Quitte à varier les plaisirs au roman suivant.
· Si vous optez pour l’imparfait, attention à l’accent circonflexe à la troisième personne du singulier, c’est généralement la seule différence avec le passé simple, mais ça change tout.
· Enfin, pour être sûr de ne pas faire d’erreur à l’imparfait, une solution imparable : le conjugateur de larousse.fr, le Bled, le Bescherelle, au choix. On l’utilise si peu que le risque d’erreur est grand. Ou suis-je la seule dans ce cas ?
Bon jonglage entre les deux, donc, et à la semaine prochaine.
Aujourd’hui, nous allons nous
attaquer à un gros morceau : le subjonctif. Je vous vois déjà pâlir
d’angoisse, faire un malaise… Je vous comprends, mais reprenez courage, je vais
tenter de simplifier autant que possible.
· * Avant que prend un subjonctif : l’événement
dont on parle n’a pas encore eu lieu, on peut douter qu’il arrive réellement.
· * Après que prend… un indicatif : vu qu’on se
situe « après », ce dont on parle est donc une certitude, ça a déjà
eu lieu. Après que + subjonctif est une erreur très courante, mais une erreur
quand même.
·
J’espère que/je crois que… prennent un indicatif
(la probabilité reste forte) ;
·
Je n’espère plus/je ne crois pas… fonctionnent
avec un subjonctif (le doute domine) ;
· Espères-tu/crois-tu… réclament également le subjonctif (incertitude totale).
Tout homme sensé est censé tenir des propos sensés, c’est insensé !
Aïe ! Ça devient compliqué !
Contrairement aux apparences, c’est tout simple, et il existe un truc facile pour savoir s’il faut écrire « censé » ou « sensé » : si vous voulez dire que je personnage a du bon SENS, on écrit « sensé », c’est la même racine. Dans le cas contraire, on met un « c » et l’adjectif indique ce qu’on attend du sujet.
Par exemple, le soir, je suis censée préparer le repas pour ma famille, et quand mes enfants me posent une question, j’essaie de leur répondre avec des propos sensés. Quoique, parfois…
Ça fait sens pour vous ?
Merci à M’hamed BEY OMAR pour sa suggestion pleine de bon sens. En effet, on entend souvent y compris nos élites utiliser l’adjectif « pécunier » (sic) pour parler de ce qui relève de l’argent.
Si le masculin était « pécunier », le féminin s’écrirait « pécunière », comme un charcutier et une charcutière. Une fois de plus, c’est une erreur courante, ces mots rentreront peut-être dans nos dictionnaires dans quelques années ou décennies, mais ils n’y sont pas encore.
D’ici là, pour mémoire, l’adjectif correct (et qui existe, surtout) est « pécuniAIRE », et il est identique au masculin ET au féminin. Votre revenu est pécuniaire, votre allocation aussi…
Bonne semaine à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures au cœur des mots.
Je vous propose, toutes les semaines ou presque, de publier une nouvelle « clé » pour repérer plus facilement les erreurs courantes en français et essayer de les éviter, tout simplement.
Ceci dit, aucun complexe à avoir, tout le monde fait des fautes, plus ou moins souvent, même les correcteurs, et nous sommes tous perfectibles.
Si vous avez des suggestions de thèmes, des erreurs qu’on vous signale sans que vous compreniez pourquoi, je suis à l’écoute, j’essaierai d’y répondre au fil des semaines.
Donc, c’est parti pour « La clé de l’orthographe numéro 1 ».
Près de/prêt à…
Je rencontre souvent dans des manuscrits « il était près à… »
Il s’agit d’une confusion entre « prêt à » (préparé) et « près de » (proche). Dans certaines phrases, les deux sont possibles, tout dépend de la nuance qu’on veut donner, à condition de bien le construire.
Un petit truc facile pour ne plus les confondre : essayez de mettre l’expression au féminin. Ça vous donnera soit « elle est prête à… », soit « elle est près de… », et le bon choix sera vite fait 😉